HAKUNA MATATA !! - Ft Kimberley J. Wood.

C'était une après-midi assez ensoleillée, comment on en trouve souvent sur le campus de Cleverland. Il y faisait chaud et doux, et l'air avait perdu de son humidité. Stewart soupira et marcha délicatement jusqu'à un banc avant d'y prendre place, souriant. On était en Août, personne ne le connaissaît encore, et même s'il était triste de ne voir personne et que le fait de rester confiné dans la solitude le rendait malheureux, il était tout de même bien content de ne pas subir la malédiction de la « réputation » et de n'être charié de personne.

Il sortit de son sac un livre, qu'il posa sur ses genoux, Poésies Complètes, d'A. Rimbaud, voilà un livre qui saurait le divertir et lui laisser le temps de profiter de sa nouvelle vie. Il allait reprendre là où il avait laissé sa lecture, page 83, Vénus Anadyomène, un poème joli comme tout, quand il remarqua que des mèches de cheveux lui couvraient les yeux. Surpris, il releva la tête avant de se retrouver face à face à une jeune fille qui le fixait sans piper mot. Il poussa un petit cri, surpris, et retint son reflexe premier qui était de lui jeter son livre au visage et de partir en courant.

- Oh mon Dieu... Tu m'as fait super peur... Souffla-t-il.

Stewart écarquilla les yeux et ouvrit la bouche comme un poisson.

- Je... Enfin c'est à dire que... Maman... Bredouilla-t-il, pris au dépourvu.

Il était fortement troublé par la jeune femme, qui visiblement prenait un malin plaisir à se moquer de lui ainsi. Il posa son livre à ses côtés, sur le banc, et plongea son regard dans le sien. Il sourit avant d'acquiescer.

- Oui, on peux le refaire... Chuchota-t-il, amusé par ses jeux.

Ca lui rappelait ce qu'il faisait avant, quand il était plus jeune. Il aimait bien sauter sur les gens aussi. Maintenant il est devenu plus... Reservé. Il soupira avant de croiser les jambes et de la regarder, silencieux, pendant qu'elle s'affairait à reculer et à faire sa blague. Non, sa blaguounette, c'est vrai. Elle avait un très joli regard, pétillant et joyeux. C'était donc ça les yeux d'une jolie fille, de près. Bientôt elle le connaîtrait un peu mieux et elle ne l'approchera plus, et il ne pourra plus les revoir. Profitant de ses vrais premiers moments d'interaction sociale depuis son arrivée, il chassa ses tristes idées de sa tête et sourit à dents déployées.

- Je suis prêt à subir ta blaguounette, jeune inconnue ! Fit-il, excité.

Stewart pouffa de rire, quand elle sembla oublier son « texte ». Etaient-ils tous comme ça à Cleverland ? Il l'espérait, car il allait bien s'amuser si c'était parti ainsi. Il poussa un petit cri de fille, le même qu'il avait faillit pousser en la voyant arriver ainsi, sans qu'il ne s'y attende, et il l'entendit rire derrière lui avant de prendre place près du banc en sautillant. C'était un moment assez agréable, et il espérait qu'elle allait rester un peu, car même si Rimbaud était intéressant, il lui manquait un peu de chaleur humaine. - Non, pas ce genre de chaleurs là, Kimi, repose ce préservatif xD -

- Ca fait longtemps que tu es à Cleverland ?

Stewart avait posé la question la MOINS originale de toute la Terre et des Galaxies. Il espérait qu'elle ne lui en tiendrais pas rigueur et qu'ils allaient tout de même pouvoir discuter. Il aurait bien aimé faire comme elle en cet instant, sauter partout, faire des blagues, mais il était un peu timide... Il fit un petit sourire en espérant qu'elle pourrait lire ses pensées.

Stewart l'écoutait parler, et raconter des choses de manière exubérante, tandis qu'elle ne lui laissait même pas le temps de dire un mot. « En voilà une fille étrange... » Se dit-il en esquissant un vague sourire. Elle parlait vite, et semblait ne pas avoir besoin de respirer ! Etonnant, donc...

- En fait je m’appelle Kimberley mais appelle moi Kimi je trouve cela plus court et beaucoup plus cool !

Il hocha la tête, et attendit patiemment quelques secondes, comme pour s'assurer qu'elle n'avait plus rien à dire, et il pris la parole à son tour, un peu gêné par tant d'excitation de sa part.

- Je m'appelle Stewart et j'ai 18 ans, fit-il. Pourquoi n'aimes-tu pas Rimbaud ?

Il était bien curieux de savoir ce que la jeune femme allait lui répondre... Et puis, il espérait pouvoir éviter de parler de lui, de peur qu'elle le trouve stupide.

Stewart toussota, et essaya de cacher son sourire moqueur sous sa main. « Elle était vraiment pétillante, peut-être même un peu trop, d'ailleurs, faudrait pas trop la secouer sinon elle exploserait comme une bouteille de Coca. » Se dit-il, un sourcil haussé en l'air. Ha, les pensées scientifiques et Stewart...

- Ouais, comme Stuart Little... Chuchota-t-il en croisant les jambes.

Puis elle reprit la conversation.

- 18 ans ? ….Heu… moi j’en ai 20, mais je dois dire qu’avec toute la crème anti ride que j’utilise je passe pour plus jeune !

Stewart eu une mine sérieuse et déglutit.

- Mais enfin, tu n'as pas à mettre de crème anti-rides à ton âge... Tu es très bien comme tu es, et à 20 ans, on n'a pas de rides, enfin, j'espère que non... Commença-t-il, avant d'être stoppé par le fait qu'elle était en train de jouer avec son blouson.

- Pardon, c'est méchant, je devais me ficher de ta figure ! S'exclama-t-elle, souriante, la main sur le coeur.

Stewart haussa un sourcil, un peu déçu. Ce n'était pas très drôle quand il était victime de mauvaises blagues, surtout par des gens qu'il ne connaissait pas. Un peu vexé, il soupira et se mit à contempler ses chaussures, et posa son bras sur le dossier du banc. Il releva la tête et fixa loin devant lui, en espérant échapper à la scène, en être sorti pour toujours. Il n'aimait pas qu'on se moque de lui. Il fit la moue. Il n'allait pourtant pas le montrer.

- C'est rien, c'est moi qui suit un peu trop sérieux Miss... Fit-il, en lançant un regard vague.

- Tu veux faire un jeu ? Je ne te force pas, si je te dérange je peux repartir sur ma planète.

Stewart éclata de rire en rejettant la tête en arrière, amusé. Elle avait le don pour détendre l'atmosphère, et il était bien content, tout de même, qu'elle ne soit pas partie, à vrai dire. Il inclina la tête sur le côté, un sourire aux lèvres.

- Oui, je veux bien faire un jeu. A quoi veux-tu jouer ? Lui répondit-il.

Stewart sourit en se rappellant que la dernière fois qu'il avait dit : "viens jouer avec moi", il avait fini tout nu dans un lit inconnu. Il espérait que ce n'était pas le même genre de jeu... xD

Stewart hocha la tête, et gratifia son idée d'un sourire. En espérant juste qu'elle ne lui demande pas de faire n'importe quoi et de lui réveler tous les secrets de l'Humanité Toute Entière. Il s'assied en tailleur lui aussi, les mains liées les unes contre les autres et se tourna vers elle, comme un enfant.

- Je peux commencer ou tu veux commencer Kimi ? Demanda t-il, poli.

Bien sûr, s'il était comme il le pensait, elle allait sauter sur l'occasion et ne pas faire attention à sa forme de politesse, qu'il avait tant peiné à réitérer depuis quelques temps... x)

Il laissa passer un petit moment, scrutant avec curiosité ses yeux profonds, qui semblaient presque parler à sa place et lui lancer des sourires.

- Mmmmh... On fait pierre, papier, ciseaux ? Demanda-t-elle en haussant un sourcil.

Stewart paru hésiter un instant, se sentant un peu gêné, il ne savait pas si elle se moquait de lui ou si elle était vraiment sérieuse. Il inclina la tête sur le côté, curieux et essaya de sonder ses yeux un moment.

- S'il te plaît...

Et elle gratifia ses paroles d'un regard vraiment mignon, semblable aux yeux du chat Potté. Stewart fut attendri et posa sa main sur son coeur, en faisant un sourire timide. Il trouvait ça drôle. En posant sa main devant elle, il compta un, puis deux, puis trois, avant de l'ouvrir brusquement.

- Papier ! Fit-il

- Héhé, siffla-t-il, un sourire aux lèvres, en voyant qu'il avait gagné.

Pour une fois, d'ailleurs ! Il allait pouvoir lui poser une question, parmis toutes celles qui lui trottaient en tête, et il y en avait un tas. « Pourquoi est-ce que tu es étrangement bizarre ? Pourquoi est-ce que tu joues à me faire peur ? D'où est-ce que tu viens ? » Et surtout... « Est-ce que tu pourras rester avec moi, une fois que tu me connaîtras mieux, même si je suis loin d'être celui que tu crois ? »

Il paru réfléchir un instant, hésitant entre les multitudes de propositions qui s'offraient à lui.

- Quel est ton plus grand secret ? Demanda-t-il.

Si seulement elle répondait...

Stewart explosa de rire et faillit tomber à la renverse du banc sur lequel il était assis. Elle le faisait rire, avec ses secrets qu'elle seule pouvait avoir... Un zèbre ! Elle voulait un zèbre ! Il essuya une larme du coin de son pouce et renifla dans l'air, curieux d'en savoir plus. Mais c'était son tour cette fois-ci !

Que devait-il dire ? Action ou vérité ? Un frisson le parcouru. Quoi qu'il arrivait, ça n'allait pas bien finir pour lui, vu l'imagination de la jeune femme et son côté quelque peu... Sadique ? Etait-ce donc ce mot-là dont il fallait user pour la décrire ? Il hocha inconsciement la tête.

- Vérité ? Fit-il, pas très sûr de lui.

Stewart vit Kimberley hésiter un court instant, visiblement en train de chercher une question qui ne le ferait pas fuir. Il fut flatté qu'elle ait compris cette part de sa personnalité, son côté quelque peu timide. Elle sembla finalement avoir trouvé la question parfaite, et le gratifia d'un sourire vainqueur.

- Alors…pourquoi étais-tu tout seul avant que j’arrive ?

Une question vague à laquelle Stewart pouvait répondre sans problème. Il lui suffit juste de chercher pourquoi pendant un petit moment. C'est vrai, pourquoi était-il seul ? Parce qu'il allait lire ? Parce qu'il était rejetté ? Parce qu'il ne connaissait personne pour le moment ? Parce qu'il voulait rester seul ? Il y avait un nombre infini de réponses possibles, et il du y passer un long moment pour trouver la bonne.

- Je suis très timide, comme personne, se contenta-t-il de répondre simplement.

Il sourit à dents dévoilées.

- Action ou vérité ?

Stewart inclina la tête, bien curieux de savoir quelle idée d'action il allait pouvoir trouver. Il avait de l'imagination, certes, mais elle avait des limites, et la seule chose où il avait une créativité qui n'avait aucune censure, c'est la musique.

Sinon, dans la vie de tous les jours, il n'arrivait plus depuis bien longtemps à avoir des idées originales... Il fit la moue et se creusa les méninges.

Il devait trouver quelque chose de drôle à lui faire faire, mais pas trop sadique, ou elle se vengerait sans doute, haha ! Il soupira avant de porter sa main à sa bouche et de mordiller son pouce. Quelle manie, se ronger les ongles, quelle manie ! Il jeta un regard vers elle avant d'avoir un éclair de lucidité.

- Embrasserais-tu un inconnu ?